Après plusieurs semaines de discussions animées, le projet visant à augmenter la taxe sur les sodas et boissons sucrées a été abandonné. Malgré un vote initial favorable à l’Assemblée nationale, les députés ont finalement rejeté cette mesure dans le cadre de la loi de finances 2016. Cette décision met en suspens un enjeu complexe qui mêle fiscalité, santé publique et pression des industriels.
Une taxe qui suscite la controverse
Instaurée en 2012 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la taxe soda vise à réduire la consommation de boissons sucrées. Actuellement, elle s’élève à 7,53 euros par hectolitre, soit environ 2,51 centimes par canette de 33 cl. Officiellement, cette taxe est censée toucher les industriels, mais son impact peut se répercuter sur le consommateur final. Les eaux et jus de fruits sans sucres ajoutés, ainsi que les boissons aux édulcorants, sont exempts de cette taxation.
Le projet rejeté proposait de porter cette taxe à environ 9 euros par hectolitre, augmentant ainsi légèrement le coût par canette ou bouteille. Selon les estimations, une telle hausse aurait généré environ 60 millions d’euros par an. Les partisans de cette mesure mettaient en avant son potentiel à financer des actions de santé publique et à inciter les consommateurs à réduire leur consommation de sucres ajoutés.
Les industriels vent debout contre la hausse
Les fabricants de sodas, notamment Coca-Cola France et Orangina-Schweppes, qui représentent ensemble près de 75 % du marché, se sont fortement opposés à cette proposition. Regroupés sous le Syndicat national des boissons rafraîchissantes (SNBR), ils ont dénoncé une mesure injuste et économiquement nuisible. Ils ont souligné que l’augmentation prévue resterait minime pour le consommateur mais significative pour leurs marges, ce qui pourrait affecter leur compétitivité.
Une décision motivée par la stabilité fiscale
Le rejet de l’amendement s’explique par les engagements du gouvernement à maintenir une certaine stabilité fiscale. Les députés ont également appelé à attendre les conclusions d’une mission parlementaire dédiée aux taxes alimentaires. Cette mission vise à évaluer l’impact réel de ces taxes sur les comportements des consommateurs et leurs effets sur la santé publique.
Un débat qui reviendra sur le devant de la scène
Si la taxe soda reste inchangée pour l’instant, le débat est loin d’être clos. À travers l’Europe et aux États-Unis, les initiatives pour taxer les aliments et boissons sucrés se multiplient. L’objectif affiché est souvent de lutter contre l’obésité et le surpoids, en particulier chez les jeunes.
Le rejet de cette mesure reflète les tensions entre santé publique et enjeux économiques. Toutefois, avec une prévalence croissante des maladies liées à une consommation excessive de sucre, il est probable que cette question ressurgisse dans les années à venir. La France, pionnière dans l’instauration de taxes alimentaires, pourrait bien explorer de nouvelles approches pour concilier ces enjeux.
En attendant, les consommateurs et les industriels restent dans l’expectative face à un dossier qui, bien que repoussé, demeure brûlant.